Nick Kapia, avocat spécialisé en droit de l’immigration nous raconte son parcours et pourquoi avoir choisi les Etats-Unis
Pourquoi avez-vous souhaité vivre aux États-Unis?
J’ai grandi près d’une base de l’armée américaine. Je suis un enfant des années 80 et j’ai donc été conscient de la guerre froide. De plus, on était aussi fortement influencé par les médias et on recevait une image des États-Unis. La machine médiatique de l’ère Reagan était sans doute unique. Et puis, j’ai de la famille en Californie.
C’est ainsi que je suis entré très tôt en contact avec les sports américains (baseball, football américain, basketball) et à l’époque, il s’agissait encore de sports marginaux. On jouait surtout avec des Américains ou on avait des entraîneurs américains. En tant qu’enfant et adolescent, cela a d’autant plus d’influence que l’on voit comment fonctionne le sport professionnel. On apprend forcément le lien entre sport et formation. C’est pourquoi, pour moi, c’était surtout le sport. La passion des Américains et le sentiment d’appartenance au sport ont fait que, très tôt, je me voyais plus aux États-Unis qu’ailleurs.
Quel a été votre parcours là-bas?
Études à New York City et ensuite la question se pose de savoir si je vais en Europe ou si je reste à NYC. J’ai alors trouvé une solution intermédiaire très pratique et j’ai travaillé entre les deux continents. Et c’est finalement entre Paris et NYC que cela s’est passé. C’est à Paris que j’ai rencontré ma partenaire du cabinet. Elle vient de Philadelphie et ensemble, nous avons eu l’idée d’aider les Américains à émigrer en Europe, car nous avons constaté qu’ils avaient besoin d’aide lorsqu’ils s’installent ou émigrent en Europe. Et les autorités américaines sont un tout autre défi en ce qui concerne l’immigration. C’est ainsi que nous avons créé notre cabinet, K.A.P. Associates.
Quand avez-vous décidé de travailler en tant qu’avocat aux États-Unis?
La décision a été prise relativement tôt, lorsque j’étais enfant. Ma série préférée était L.A Law. Une série sur un cabinet d’avocats de Los Angeles, comme son nom l’indique. Il y avait l’acteur Blair Underwood, qui jouait l’un des avocats. C’est ce qui m’a inspiré et donc j’ai su très tôt que je voulais devenir avocat, et de surcroît aux États-Unis. J’ai eu l’occasion de le rencontrer et de le remercier, ce qu’il a beaucoup apprécié.
A l’époque, c’était plutôt Los Angeles qui m’attirait, ce qui devait changer par la suite. Mais comme la vie est toujours propice aux changements, mon chemin me mènera bientôt à Los Angeles pour des raisons privées.
Quelle est aujourd’hui votre spécialisation?
Notre cabinet s’occupe des Américains qui souhaitent s’installer en Europe, que ce soit pour des raisons d’études, professionnelles ou personnelles, mais aussi des personnes d’autres pays qui souhaitent s’installer aux États-Unis, pour les raisons déjà évoquées.
Quelles sont les plus grandes difficultés que vous avez rencontrées aux USA? Qu’est-ce qui vous a surpris à votre arrivée aux US?
Je n’ai vraiment pas eu beaucoup de difficultés. Mais cela vient aussi du fait que j’ai eu très tôt un lien avec la culture américaine. Famille, cercle d’amis et école internationale. De plus, j’ai atterri à New York et il n’y a pas plus international. J’ai appris à connaître la « vraie » Amérique en voyageant. Et je ne peux que le recommander à tout le monde. Que l’on veuille vivre aux États-Unis ou les visiter en tant que touriste. Les États-Unis sont bien plus que NY, LA, Miami ou Chicago. Si l’on veut comprendre un tant soit peu les États-Unis, il faut aussi se rendre dans la « Bible Belt » des États-Unis.
Estimez-vous avoir réussi?
J’espère être encore au milieu de ma carrière. C’est pourquoi je ne parle pas encore de « réussite ». Mais je suis absolument satisfait du statu quo et on « track » en ce qui concerne les projets futurs.
Quels conseils donnez-vous aux Français qui souhaitent devenir avocat aux États-Unis?
Il faut être clair relativement tôt et se poser réellement la question de savoir si l’on veut travailler aux États-Unis, entre les deux pays, ou si l’on veut vraiment s’installer – professionnellement et personnellement. On perd inutilement du temps si l’on ne se penche sur la question que lorsque l’on est déjà sur place et que l’on travaille.
Si vous connaissiez mieux les États-Unis avant de partir, auriez-vous fait les choses différemment?
Absolument rien. Il n’y a aucun doute ou regret à ce sujet
Comment voyez-vous les États-Unis dans 50 ans?
Depuis la digitalisation du monde, tout va encore plus vite et il n’est pas facile de prédire ce qui se passera dans 10 ans. J’espère simplement que mes enfants et petits-enfants pourront vraiment profiter de l’immensité, de la diversité et de la beauté de ce monde. Même si cela risque de rendre ma spécialité obsolète, j’espère qu’il y aura une liberté de circulation mondiale, ce qui facilitera les voyages et la vie dans d’autres pays pour beaucoup plus de gens, si ce n’est pour tous. Quant à savoir si les États-Unis continueront à être considérés comme la nation de la liberté qu’ils sont devenus dans la seconde moitié du XXème siècle, c’est la grande question et un défi à relever.
Quelle est la qualité que vous préférez chez les Américains?
Spontanéité, flexibilité et innovation. Ce dernier point se remarque surtout par le fait que l’esprit d’entreprise est plus fortement ancré. Il est également plus facile de trouver des mentors. Que ce soit à l’université ou au travail.
Quelle est votre ville américaine préférée? Pourquoi?
C’est New York. Je suis New-yorkais dans l’âme et je le serai toujours. La ville m’a quasiment adoptée et dès le premier jour, je me suis senti chez moi. Je pense que nous avons tous une oasis de bien-être. Un endroit qui nous attire comme par magie et quand on y arrive, on a l’impression d’être revenu et de ne pas être nouveau. NY me comprend et je comprends NY.
Quelle est votre devise?
« Everything happens for a reason » (tout arrive pour une raison).
Quel est votre plus grand regret?
Je ne regarde pas en arrière en pensant que j’ai raté quelque chose ou que j’aurais dû faire autrement, car je suis heureux là ou je suis. Et en fin de compte, tout m’a mené là où je suis aujourd’hui. Les regrets sont donc plutôt des choses que je n’ai pas encore faites, mais que j’aimerais faire dans un avenir proche.
Quelle est votre plus grande fierté?
Le fait que je sois aujourd’hui en mesure d’exercer une influence sur la vie d’autres personnes. J’aide la plupart de mes clients à démarrer une nouvelle vie.
Si vous deviez rentrer en France, qu’est-ce qui vous manquerait des US?
La nourriture, le pays et les gens. Cela peut en étonner plus d’un, mais la diversité de l’offre est tout simplement unique. Que ce soit l’offre dans les supermarchés, les restaurants internationaux, mais aussi l’innovation qui se manifeste dans les start-ups de la gastronomie. Ce n’est pas un hasard si l’on rencontre aussi beaucoup de jeunes Français qui ouvrent leurs cafés et leurs bars aux États-Unis. Mais la cuisine américaine est aussi bien meilleure que sa réputation et ceux qui se servent loin des clichés (« les États-Unis ne sont pas que burgers et frites ») peuvent trouver d’excellentes recettes.
La cordialité et la diversité des gens. Lors de mon tout premier jour à NY, j’étais assis sur les marches devant mon « brownstone » et j’attendais mon propriétaire. Une voisine de l’immeuble d’à côté est passée en courant, a souri et m’a demandé mon nom et si j’étais nouveau dans le quartier et m’a souhaité le bienvenue. En moins d’un mois, je connaissais presque tous les habitants de ma rue par leur nom et j’étais toujours invité à rencontrer des gens. Et nous parlons ici de NY. NY a la réputation d’être froide par rapport aux normes américaines.
A part cela, les paysages et l’étendue du pays sont impressionnants, ce qui permet de vivre vraiment toutes les saisons, mais aussi d’éviter les saisons que l’on n’aime pas trop, si on le souhaite. Et pour finir, surtout dans le domaine professionnel, beaucoup de choses sont plus faciles et il y a moins d’obstacles.