EuropUSA a interviewé Justine en Visa J-1 aux Etats-Unis.
Découvrez son parcours atypique !
Pourquoi avez-vous souhaité vivre aux Etats-Unis ?
J’avais déjà fait plusieurs séjours à titre touristique aux USA et je m’y étais beaucoup plu. Je travaillais à l’époque dans l’audiovisuel, je m’ennuyais à Paris et j’étais bilingue, Los Angeles ou New York me semblaient donc des destinations cohérentes sur le plan professionnel et je savais que je m’y plairais sur le plan personnel.
Quel a été votre parcours là-bas ?
Comme il est très difficile d’obtenir un permis de travail je suis partie avec un visa J1 et j’ai été « trainee » pendant un an dans une toute petite agence de talents à Los Angeles qui représentait des acteurs et des auteurs/ réalisateurs. En un sens c’était une régression professionnelle car j’avais un travail d’assistante et je gagnais très mal ma vie mais cela m’a permis de travailler à Hollywood, ce que je n’aurais jamais pu faire autrement.
Au bout d’un an, mon visa a expiré, je n’ai pas réussi à trouver de permis de travail et j’ai dû rentrer en France. J’ai essayé de trouver un moyen de repartir mais c’était difficile. J’ai fait pas mal d’allers et retours en tant que touriste.
Au bout de deux ans en France, j’ai à nouveau pu faire une demande pour un visa J1. Je suis à nouveau aux USA, avec un nouveau visa J1 de 18 mois et je travaille comme traductrice dans une société de traduction à Miami. J’ai changé de voie et de ville car c’était la seule façon d’obtenir un nouveau visa.
Qu’est-ce qui vous a surpris à votre arrivée aux US ?
ùCe qui m’a surpris c’est la vitesse à laquelle les choses se font par rapport à la France : obtenir un travail, le perdre, obtenir une promotion, trouver un appartement, devenir riche, tout perdre, tout va très vite. C’est à la fois enivrant et complètement terrifiant.
Qu’appréciez-vous aux Etats-Unis ?
La mentalité de pionnier et une forme d’ouverture d’esprit. Le fait que les gens apprécient que vous ayez plusieurs cordes à votre arc alors qu’en France cela donne facilement l’impression d’être « dispersée » sur un CV. J’ai un master de droit de l’audiovisuel et un CAP de pâtisserie. Aux USA tout le monde trouve ça formidable, en France je ne mets même pas mon CAP sur mon CV de peur qu’on me prenne pour une folle.
J’aime l’enthousiasme des gens, leur optimisme et leur courage. C’est très fréquent que les gens aient plusieurs jobs à la fois, qu’ils aient un travail à temps plein tout en allant à l’université, qu’ils déménagent à plusieurs milliers de kilomètres pour un travail ou pour faire des études et ils le font, sans que cela ait l’air de poser plus de problèmes que cela. J’aime le fait que les gens n’ont pas peur d’être ridicules, de se tromper ou de prendre des risques.
Qu’avez-vous le mieux réussi aux Etats-Unis ?
Sur le plan concret et matériel, honnêtement, je n’ai pas (encore ?) réussi grand-chose J
En revanche, ma grande réussite aux USA, je crois, c’est d’avoir appris à m’adapter, à persévérer, à faire confiance aux gens. Il y a une forme d’enthousiasme et presque de « foi » qui est communicative. J’ai le sentiment d’avoir aussi appris la gratitude. Je suis très « verre à moitié vide » et les USA m’ont appris à être plus « verre à moitié plein » et à être plus reconnaissante de ce que j’ai.
Quelles sont les plus grandes difficultés que vous avez rencontrées aux Etats-Unis ?
Les difficultés liées aux papiers et je ne les ai pas encore vraiment surmontées puisque j’ai un visa de travail qui expire dans un peu plus d’un an.
J’ai connu des difficultés matérielles aussi. Lorsqu’on gagne mal sa vie, la vie peut être très dure aux USA : la santé, notamment, coûte très cher.
Je n’ai jamais eu de difficultés liées à la langue ni à la culture en revanche. J’ai toujours aimé la culture anglo-saxonne, et si la culture américaine m’énerve parfois, elle ne me déconcerte pas tellement, je n’ai donc jamais vraiment souffert du « choc culturel ».
Si vous aviez mieux connu les Etats-Unis avant de partir, auriez vous fait les choses différemment ?
Si c’était à refaire, je serais partie aux USA faire un stage beaucoup plus jeune, juste après mes études, je pense que j’aurais alors eu de bien meilleures chances d’obtenir des papiers. J’aurais peut-être choisi une voie professionnelle différente.
Quels conseils donneriez-vous aux Français qui s’installent ?
« Go with the flow » comme disent les Américains. Je crois que lorsqu’on est français, il y a beaucoup de choses qui surprennent et désarçonnent lorsqu’on arrive aux USA et qu’on peut avoir tendance à résister à la manière de faire des gens et ça peut être une erreur. En tant que Français on peut facilement être perçu comme prétentieux, impoli et arrogant. Ça n’est pas forcément évident de trouver le juste milieu entre une forme d’humilité qui est très importante pour les Américains et le fait de savoir se vendre qui est aussi très important (ce que les Américains savent très bien faire).
Mon conseil ce serait de s’adapter, de ne pas râler d’emblée, de se préparer à travailler beaucoup et très dur.
Quels sont, selon vous, les plus grands traits de caractère des Américains ?
L’optimisme, l’esprit d’entreprise et de conquête, l’individualisme, le matérialisme, le courage, et une certaine naïveté qui me semble être à la fois une grande qualité et une grande faiblesse.
Quelle est la qualité que vous préférez chez les Américains ?
L’optimisme.
Et qu’est-ce que vous détestez ?
Le manque de séparation entre l’état et la religion. La façon dont cette dernière s’immisce beaucoup trop à mon goût dans la vie publique et politique.
Je déteste le 2ème amendement et le fait qu’il y ait autant d’armes.
Il y a aussi un certain manque de raffinement et d’art de vivre qui m’irrite un peu parfois.
Comment voyez-vous les Etats-Unis dans 50 ans ?
Pas forcément très en forme je dois dire. Je pense que c’est un modèle de société qui est en bout de course et qui doit se réinventer.
Quelle est votre ville américaine préférée ? Pourquoi ?
J’adore Los Angeles. Je trouve que c’est une ville où on sent encore l’esprit de la conquête de l’ouest et que c’est un pays très nouveau, bien plus que sur la côte est. On se sent aussi au bord du monde occidental : plus à l’ouest et c’est l’Asie. On s’y sent très loin de l’Europe. J’adore la diversité culturelle qui y règne : les influences chinoises, japonaises, coréennes, mexicaines.
J’aime beaucoup la décontraction californienne, il y a un côté baba cool qui se mélange étrangement bien avec l’efficacité américaine légendaire et qui donne à Los Angeles un charme très particulier.
La lumière est à tomber par terre de beauté et la ville est à la fois très laide et très belle : il n’y a aucune harmonie, c’est le chaos total, un désordre d’autoroutes et de palmiers, on sent que la ville n’a pas été du tout pensée mais qu’elle a poussé dans tous les sens au gré des caprices des uns et des autres.
Et puis, c’est la ville du cinéma, qui attire tout un tas de gens aspirant à être acteurs, chanteurs, réalisateurs etc. Ca génère beaucoup d’enthousiasme et beaucoup de désillusions aussi. C’est une ville très dure où en même temps tout semble possible. Sous les paillettes et les apparences très superficielles, il y a quelque chose de sombre et de dur que je trouve très touchant. Pour moi, l’auteur qui parle le mieux de Los Angeles (et par qui j’ai découvert la ville avant même d’y aller) c’est James Ellroy.
Quel est votre plat américain préféré ?
Le cheesecake New yorkais et le sandwich au pastrami.
Quelle est votre devise ?
“Where there is a will, there is a way”. C’est très américain.
Quel est votre plus grand regret ? Quelle est votre plus grande fierté?
De ne pas avoir fait mes études aux USA. Ma plus grande fierté est de m’être accrochée à mon rêve d’habiter dans ce pays et d’y être pour le moment même si c’est difficile.
Si vous deviez rentrer en France, qu’est-ce qui vous manquerait des US ?
En tout premier, la langue. Pour moi tout est plus facile en anglais. L’enthousiasme, le dynamisme et l’ouverture d’esprit des gens.