Eliane Kurbegov vit depuis des années aux Etats-Unis où elle est professeur de français et a fondé sa vie. Elle nous raconte comme d’une petite aventure amoureuse lors d’un court séjour à New York, cela s’est transformé en vie américaine…
Qu’est-ce qui vous a amené aux Etats-Unis?
En 1969, je suis venue aux Etats-Unis à New York City comme fille au pair pour l’été après mon bac. Le premier jour de mon arrivée, j’ai rencontré un jeune homme à la piscine. C’est mon mari depuis 35 ans ! Il venait de Bosnie et était réfugié aux Etats-Unis. Après 9 mois, on s’est mariés. D’une petite aventure, cela s’est transformé en grande aventure…
Comment avez-vous fait pour obtenir vos papiers d’immigration ?
Mon mari, réfugié aux Etats-Unis, avait la carte verte dont j’ai bénéficié ensuite. Après nous avons pris la nationalité américaine. Pour l’anecdote, quand nous sommes devenus citoyens américains, nous sommes devenus Kurbegov (et non plus Kurbegovich).
Comment êtes-vous devenue professeur de français ?
J’ai fait mon bachelor. A New York, il fallait passer un examen d’anglais oral et on m’a dit : « Vous pouvez tout enseigner sauf l’anglais, vous avez un trop fort accent ! ». Après avoir réussi mon examen, je suis devenue professeur de français.
Vous avez enseigné dans des établissements privés et publics, quelles différences y voyez-vous ?
J’ai commencé à enseigner dans des écoles privées et je suis aujourd’hui professeur dans le public.
Les classes dans le public sont très grandes avec 25 à 38 élèves. En langue, cela fait beaucoup. Le public mélange beaucoup plus les élèves de niveaux économiques et sociaux différents avec une très grande diversité d’origine. Dans le privé, il y a peu d’élèves dans les classes, parfois seulement 8 personnes !
Dans le public, les professeurs sont moins « observés » et plus maîtres de ce qu’ils font dans leur classe. Dans le privé, les parents sont très exigeants et les professeurs sont sous examen permanent pour que les notes de leurs enfants progressent. Les parents qui paient en frais de scolarité de $5.000 à $30.000 par an veulent des résultats pour leurs enfants.
Les salaires des professeurs sont également très différents, quel est l’ordre de grandeur ?
Les salaires annuels (bruts) vont de $28.000 jusque $70.000 dans le public. Dans le privé ils commencent généralement à $40.000/$45.000. Les salaires dans le public s’accompagnent d’avantages sociaux importants comme les vacances, les caisses de retraite.
Quels sont pour vous les principaux traits de caractère des Américains ?
Ils sont généreux, très patriotiques avec un certain excès et trop conformistes. Ici, on n’aime pas se séparer de la norme.
Qu’appréciez-vous aux Etats-Unis ?
C’est un vrai « melting pot » avec des gens de partout, d’origines très diverses. Les gens ambitieux et perséverants peuvent trouver de vrais débouchés pour réussir dans la vie.
Quelles sont les plus grandes difficultés que vous avez rencontrées aux Etats-Unis ?
En élevant mes enfants.
On s’est rendu compte avec mon mari que le fait d’être européens nous donnait une autre perspective que nos amis américains ou les amis de nos enfants sur la façon d’élever nos enfants. Par exemple, nous imposions une heure limite à nos enfants de 16-17 ans pour rentrer le soir. Les jeunes Américains, dès qu’ils ont leur permis, peuvent rentrer très tard. Autre exemple, les copains de nos enfants venaient directement à la maison en faisant comme chez eux. On s’est beaucoup disputé avec nos enfants qui n’avaient pas les mêmes comparaisons avec leurs copains !
Quelle est votre ville préférée ?
J’aimais beaucoup New York mais je ne voudrais plus y vivre maintenant que j’ai connu la Floride. Je me sens bien ici avec la population hispanophone et européenne.
Quels conseils donneriez-vous aux Français qui s’installent ?
Etre patient. On ne comprend pas les Américains au début. Il faut s’habituer à leur mode de pensée. Ils sont très accueillants. Les Français prennent cela pour très superficiel or cela vient du coeur. Il faut prendre son temps pour les apprécier.
Si vous deviez rentrer en France, qu’est-ce qui vous manquerait des US ?
Je me sens bien n’importe où avec ma famille mais c’est vrai qu’on a un confort aux Etats-Unis.