Jean-Marc Dedeyne, ancien étudiant à l’université UCLA de Los Angeles et désormais entrepreneur en Californie nous fait partager son expérience des Etats-Unis.
Pourquoi avez-vous souhaité vivre aux Etats-Unis ?
Je ne suis né en Martinique. A l’âge de 17 ans, une de mes cousines est revenue d’Atlanta. Après avoir partagé ses expériences, elle m’a offert une brochure d’une université Américaine. Ca m’a donné envie de partir aux Etats-Unis. En 1992, j’ai cherché à partir aux USA pour y poursuivre mes études, mais les coûts étaient rédhibitoires.
Durant les années qui ont suivi, je me suis de plus en plus intéressé à la culture Américaine, et plus particulièrement l’équitation Américaine, la musique hip-hop, la langue anglaise et les Américains expatriés à Paris.
Durant mon année de terminale, ma mère à accepter de m’envoyer en France métropolitaine pour poursuivre des études de commerce et informatique. Par la suite, j’ai eu l’opportunité de travailler pour des sociétés Américaines, et de découvrir New York, Porto Rico, Miami, Los Angeles, San Francisco et Las Vegas.
En 2006, j’ai quitté mon emploi chez HP France pour m’installer à Los Angeles en tant qu’étudiant étranger. Je voulais changer d’horizon, améliorer mon Anglais, apprendre l’entrepreneuriat, me lancer un nouveau challenge et créer ma société. Plus important encore, je cherchais à apporter des changements significatifs dans ma vie tout en espérant avoir un impact dans la vie d’autrui.
Quel a été votre parcours là-bas ?
De septembre 2006 à 2008, j’ai étudié l’anglais et l’entrepreneuriat à UCLA. Quelques mois plus tard, j’ai enregistré ma société, U in the USA, dans l’état de Californie. J’ai officiellement démarré mon business en septembre 2009.
Comment vous est venue cette idée ?
Aussitôt arrivé aux Etats-Unis, j’ai ressenti divers sentiments tels que l’excitation, la surprise, le bonheur, la recherche d’identité, l’anxiété et la confusion tout en faisant face à des défis linguistiques et d’intégration.
Heureusement, des gens formidables à la fois de mon université, UCLA, et de l’extérieur, m’ont enseigné les compétences dont j’avais besoin, m’ont orienté et aidé à m’adapter à la culture américaine et le plus important m’ont inspiré. D’autres m’ont également permis d’acquérir des connaissances et des méthodes afin de mieux comprendre la gestion des entreprises aux Etats-Unis.
Je pense que la majorité des étudiants internationaux font face aux même difficultés et challenges. Cependant tous n’ont pas la chance de recevoir cette attention et cette considération. En effet l’opportunité de rencontrer ce genre de père spirituel, vous aidant à améliorer vos expériences ou encore vous permettant d’obtenir les ressources nécessaires à la réalisation de vos projets, n’est pas donnée à tout le monde. Pour ces personnes, j’ai eu l’idée de créer « U in the USA ».
U in the USA aide les étudiants étrangers à découvrir, poursuivre et réaliser les projets et rêves qui les motivent et inspirent. Au final, nous les aidons à démarrer leurs carrières aux USA grâce à nos services de carrières et d’adaptation à la culture et vie Américaine. Plus d’informations via www.uintheusa.com
Qu’est-ce qui vous a surpris à votre arrivée aux US ?
A mon arrivée à Los Angeles, j’ai été surpris par :
• L’immensité de la ville et ses nombreux quartiers.
• Les séparations entre certaines communautés.
• Les limitations du réseau de transport public.
• La vanité de certaines personnes.
• Les écarts entre les classes sociales.
• Le nombre important de personnes sans abris.
• La richesse et diversité culturelle autour des quartiers universitaires.
Comment avez-vous pu obtenir le bon visa pour travailler aux Etats-Unis ?
A la fin de mes études, j’ai demandé un visa de travail temporaire (Optional Practical Training). Ce dernier m’a permis de travailler sur mon projet d’entreprise et de préparer ma demande pour un visa d’investisseur (E2). Deux mois avant l’envoie de mon dossier E2, j’ai heureusement gagné à la loterie pour la carte verte.
Qu’appréciez-vous aux Etats-Unis ?
Les points que j’apprécie aux Etats-Unis sont :
• L’ouverture d’esprit
• La créativité et l’esprit d’innovation
• L’esprit de compétition
• L’esprit positif et tourné vers le futur
• La diversité culturelle
• L’esprit d’entrepreneuriat
• L’envie d’apprendre (il n’est jamais trop pour reprendre des cours)
• L’endurance et la détermination des habitants
• Le côté passionné des gens
• L’amour du travail
Quelles sont les plus grandes difficultés que vous avez rencontrées aux Etats-Unis ?
Le plus grand défi a été de tout recommencer, garder et développer ma confiance en moi, rester en phase avec mes objectifs, développer un réseau de contacts fiables et dépasser mes inquiétudes face à l’inconnu. J’ai réalisé que personne ne s’intéressait à mon parcours passé jusqu’au moment où j’étais capable d’apporter une réelle valeur ajoutée.
Quels conseils donneriez-vous aux Français qui s’installent ?
Depuis que je suis à Los Angeles, j’ai vu passé des centaines de dossiers de jeunes adultes Français avec des idées intéressantes. Malheureusement, la plus part d’entre eux étaient réservés, peu enclin à prendre des risques et à investir dans leurs projets. Aux USA, les Américains (et ou Franco Américains) ne vous attendent pas. Ils ont beaucoup investi et sacrifié pour arriver où ils sont. Vous aurez du mal à y arriver si votre unique objectif est de satisfaire vos intérêts (et faire des économies).
Dans la période actuelle, si vous voulez démarrer une entreprise, vivre et ou travailler aux Etats-Unis, je vous suggère de :
• Visiter le pays en tant que touriste ou étudiant avant de chercher à vous installer définitivement.
• Développer votre image de marque («Personal Branding»), choisir une niche & spécialité et bâtir un solide réseau de contacts.
• De prendre le temps d’analyser et étudier votre marché.
• De développer un projet à forte valeur ajoutée commerciale avant de regarder la question visa (ou la meilleure porte vers la carte verte). Un concept qui fonctionne en France ne sera pas forcement un succès aux USA. Les Américains et Franco Américains s’attendront à ce que vous puissiez démontrer:
-Qui vous êtes?
-Qu’est-ce que vous pourrez leur apporter? (plus de revenus, réduction des coûts etc.)
-Pourquoi ils doivent faire du business avec vous ? (What’s in it for me?)
-Que cette nouvelle relation soit positive, utile, fructueuse et riche (en terme d’impacts et valeur ajoutée)
• D’apprendre l’anglais et le monde des affaires aux U.S. (Why Americans do things the way they do?)
• D’aller au-delà des approches conventionnelles et idées reçues.
• Vous préparer moralement et être curieux.
• Vous intéresser aux gens et prendre le temps de les écouter.
• De disposer d’une ou deux années d’économie (« You must give before You Ask»)
• D’embrasser les différences culturelles et de les voir comme un enrichissement plutôt qu’une perte d’identité.
• Faire appel à un coach ou mentor pour vous assister dans le montage de votre projet (ses services payants sont là pour vous permettre d’avancer sereinement et plus rapidement sur ce marché que vous ne connaissez pas).
• De ne pas vous orienter uniquement vers les grandes villes comme New York, San Francisco, Miami, Los Angeles etc. Ces villes sont très compétitives, et les tickets d’entrés sont souvent très élevés. Il est parfois possible de démarrer plus rapidement et démontrer sa valeur ajoutée dans une ville moins prisée.
La sécurité de l’emploi n’existe pas. Aux USA, on construit son avenir, sa retraite, son assurance médicale et ses opportunités.
Quels sont, selon vous, les plus grands traits de caractère des Américains ?
Je dirais :
• L’individualisme, la soif de liberté, l’esprit de compétition et la protection de la vie privée
• L’égalité des chances
• L’informalité
• L’orientation vers le futur, le changement et le progrès
• L’humanité
• Une orientation tournée vers la réussite, l’action, le travail et le matériel
• La franchise et la confiance en soi
Quelle est la qualité que vous préférez chez les Américains ?
Pour moi, c’est un mélange d’ouverture, d’innovation, d’entrepreneuriat, de positivisme, d’éthique de travail, de diversité, d’ambition, de passion et de conviction en un avenir meilleur.
Et qu’est-ce que vous détestez ?
Il m’arrive d’être en décalage avec les comportements, attitudes ou modes pensées de certains habitants de Los Angeles (Américains ou non). Plutôt que de rejeter ces personnes ou me plaindre, j’essaye plutôt de comprendre d’où ils viennent, leurs histoires et motivations. S’expatrier c’est aussi chercher à comprendre et accepter l’autre malgré ses différences.
Quelle est votre ville américaine préférée ? Pourquoi ?
La Californie m’a séduit à travers ses diversités (peuples, langues, couleurs, paysages, religions, cuisines et cultures), sa place dans l’économie américaine et mondiale, sa représentation dans les grandes activités sportives, ses grandes universités et l’esprit d’entreprendre. Mes endroits favoris sont: Venice Beach pour son côté bohémien et l’humilité de ses habitants, Carmel By the Sea pour la pureté de son air marin et la beauté des paysages (mer, soleil, sapins, chevaux, ranchs, vignobles et verdure), San Francisco pour son charme victorien et sa population cosmopolite et enfin Lake Tahoe pour la beauté de son lac et ses forêts. La vie est différente que vous soyez au Nord, au Centre ou au Sud de la Californie.
Quelle est votre devise ?
Are you watching people living their own dreams? There is no next time. It’s now or never. It’s Your Time to Work on Your Goals and Live Your Dreams!
It’s better to stay active and focused than to sit around complaning!
J’ai eu la chance de rencontrer Jean-Louis Etienne lors d’un séminaire chez HP. Ce dernier m’a inspiré, et cette rencontre m’a aidé à mobiliser toute mon énergie et combattre mes peurs dans la préparation de projet d’expatriation. Voici une de mes citations préférées. « Il ne sert à rien de rêver la vie des autres, il vaut bien mieux s’atteler à faire que la sienne rejoigne son propre « rêve », seule œuvre vraiment constructive, intégrant ses forces, ses potentiels et aussi ses doutes ». Jean-Louis Etienne – Le pôle intérieur – Mener sa vie comme une aventure. »
Pensez-vous revenir vivre en France ?
Je n’ai pas prévu de revenir vivre en France métropolitaine pour le moment. En attendant, j’essaye de retourner en Martinique une fois par an. Par ailleurs, j’ai prévu de prospecter et visiter les grands pays qui investissent aux USA. Par exemple, la Chine, l’Inde, l’Arabie Saoudite, la Corée du Sud et le Brésil.