Armelle Cloche, créatrice de différentes entreprises dans le monde de l’entertainment nous raconte son parcours difficile aux Etats-Unis mais finalement positif…
Pourquoi avez-vous souhaité vivre aux Etats-Unis?
En réalité, au départ je ne voulais pas venir. J’avais 15 ans, je vivais dans le sud de la France et j’ai reçu une Américaine pour un échange scolaire. Sa visite s’est très bien passée mais lorsque ce fut mon tour d’y aller, je ne voulais pas prendre l’avion. J’ai grandi dans des avions et je ne pouvais pas supporter l’idée d’en prendre un de plus. Mes parents et mon Américaine m’ont poussée à partir pour Boston et là, je me souviendrai toute ma vie, lorsque la porte de l’avion s’est ouverte, j’ai vu tout mon futur défiler devant moi. J’ai ressenti l’incroyable sensation d’être chez moi. Ca peut paraître un peu trop mystique, mais ça c’est vraiment passé ainsi. J’ai tout de suite compris la façon de penser des Américains. Aujourd’hui, je me sens plus chez moi ici qu’en France même si j’adore l’Europe.
Quel a été votre contact avec les Etats-Unis ensuite?
De 15 à 20 ans, je suis revenue tous les étés voir ma famille Américaine. J’ai fini mes études en marketing & commerce international entre Paris et San Francisco. J’avais commencé à mettre secrètement de l’argent de côté avec l’idée de rester aux Etats-Unis.
Quel a été votre parcours une fois revenue aux Etats-Unis?
Comme ma première passion fut toujours le cinéma, j’ai commencé par vivre 5 ans à Los Angeles, tentant de percer comme scénariste. Mais rien ne s’est passé comme dans mes rêves et réalisant que je n’étais pas une LA girl, je suis revenue à ma ville de coeur, San Francisco. J’ai crée ma propre compagnie de productions, en divertissement pour enfants, Armelle Productions. Au début, cela a été un échec. J’ai sorti mon 1er livre fantastique la même année où Harry Potter est sorti et mes sites internet juste après le crash des .com…
Vous avez aujourd’hui crée une autre société avec un site internet ?
Oui avec Agogus.com. Nous proposons la première gym pour faire travailler votre tête en ligne. J’ai enfin eu la bonne idée au bon moment. La santé de l’esprit est l’un des marchés clefs de cette décennie. Nous vivons plus longtemps et nous devons dès lors prendre soin de notre tête comme de notre corps. A quoi sert de vivre jusqu’a 100 ans si on n’a pas toute sa tête ? Le plus étonnant, c’est que 50% de nos membres ont entre 18 et 35 ans. Nos exercices sont faciles et divertissants.
Comment vous est venue cette idée?
Quand j’étais en France, je me cultivais, je discutais avec beaucoup de gens et quand je suis rentrée aux USA, je me suis sentie « creuse ». J’ai commencé à faire des recherches moi-même sur internet ½ heure par jour pour continuer à me cultiver et me suis rendue compte que c’était très difficile et long alors que je voulais trouver quelque chose de succinct et synthétique.
Que faut-il pour rester en forme dans sa tête ?
• Bien manger
• Avoir des relations sociales
• Lire
• Faire des jeux pour faire travailler son esprit
• Faire des choses qu’on ne fait jamais comme sentir des odeurs, fermer les yeux pour ouvrir une porte…etc.
Il est prouvé scientifiquement que si vous faites travailler votre esprit, vous pouvez ralentir de 5 à 10 ans l’apparition de la maladie d’Alzheimer.
Pouvez-vous nous donner quelques chiffres sur Agogus.com ?
Chaque membre paie $30 par an. Aujourd’hui nous comptons plusieurs milliers d’abonnés. 44% de nos membres ont entre 18 et 35 ans. 15 personnes travaillent chez Agogus.
Quelle a été votre vie aux Etats-Unis pendant toutes ces aventures?
J’ai vraiment tout connu aux USA, les petits boulots comme être caissière, garer des voitures malgré mon bac + 4, les sacrifices sans fin, la solitude loin de ma famille, les problèmes de papiers de travail. Je suis relativement heureuse aujourd’hui d’avoir construit une vie très riche en amis, d’avoir trouver l’amour et le bonheur, d’avoir un métier qui me passionne, et de voir enfin tous mes efforts être récompensés. Il m’a fallu 10 ans. J’écris toujours des scénarios et viens de tourner mon premier court-métrage en tant que metteur en scène “Portrait de la Vie”.
Comment avez-vous pu obtenir le bon visa pour travailler aux Etats-Unis?
Je suis devenue investisseur en 2000 pour obtenir un visa d’investisseur avec l’aide d’un avocat et j’espère avoir la carte verte bientôt.
Qu’est-ce qui vous a surpris à votre arrivée aux Etats-Unis?
L’espace. Tout était grand. Les maisons, les rues, les magasins, je pouvais enfin respirer. La gentillesse des gens. J’ai été accueillie à bras ouverts. Ca n’est pas toujours profond avec les Américains, mais la vie au quotidien est tellement plus agréable qu’en France.
Qu’appréciez-vous aux Etats-Unis ?
La plupart des gens ont la foi en quelque chose. Ils aiment les Happy Endings. Tout le monde a une chance si il/elle s’en donne la peine. Les enfants sont pris au sérieux.
Qu’avez-vous le mieux réussi aux Etats-Unis?
A devenir quelqu’un de bien. A comprendre la vie et les autres. A trouver la confiance en moi qui m’avait toujours manquée. Je ne connaissais pas l’étendu de ma force intérieure. C’est merveilleux de savoir qu’on peut vraiment tout faire.
Quelles sont les plus grandes difficultés que vous avez rencontrées aux Etats-Unis?
Il y a vraiment eu des moments très douloureux. Etre seule, sans un sou, sans personne, sans droit de travailler ou d’exister. J’ai connu bien des échecs avant le succès. Mais je ne pouvais imaginer rentrer en France sans rien (j’y ai cependant pensé plusieurs fois). Alors j’ai été jusqu’au bout.
Si vous aviez mieux connu les Etats-Unis avant de partir, auriez vous fait les choses différemment?
Oh oui. Mais j’étais jeune, rebelle et entêtée et comme beaucoup à cet âge, je n’ai pas voulu écouter les conseils qu’on m’a donnés comme celui de prendre moins de risques. Mais je pense aujourd’hui que cela faisait parti de mon parcours. C’est ce que je suis.
Quels conseils donneriez-vous aux personnes qui s’installent?
C’est merveilleux si vous avez le rêve de vivre ou de réussir aux Etats-Unis, mais ne vous faites pas d’illusion, c’est un pays très dur ou seul le plus fort s’impose. La compétition est rude. Il n’y a aucune des sécurités que l’Europe offre. Il faut beaucoup de travail pour réussir ses rêves et les conserver. Si votre ambition de vivre une vie agréable est plus importante à vos yeux que de réussir socialement, alors restez en France, la qualité de vie y est bien plus belle. En France, on fait d’ailleurs avec le même argent beaucoup plus de choses qu’aux Etats-Unis!
Quels sont, selon vous, les plus grands traits de caractère des Américains?
La foi. Le patriotisme. Le puritanisme. Ils ont le sens du pratique.
Quelle est la qualité que vous préférez chez les Américains?
Il y en a plusieurs. La première, c’est leur réaction naturelle face aux tragédies. Ils n’hésitent pas à s’unir, à s’entraider et à reconstruire. Pour les autres, j’aime que la plupart des créateurs/dirigeants Américains sont de grands enfants. Ils prennent plaisir à réussir, à améliorer la société autour d’eux. Ils sont véritablement en avance sur le reste du monde professionnellement.
Et qu’est-ce que vous détestez?
Leur manque de savoir vivre, de finesse, de goût, et de savoir prendre du plaisir dans les plus petites choses.
Comment voyez-vous les Etats-Unis dans 50 ans?
Comme toutes les civilisations qui ont dominé l’histoire, telle la Grèce, Rome, ou la France il y a des centaines d’années, l’Amérique connaîtra son déclin, à force d’excès, mais je ne sais pas combien de temps cela prendra.
Quelle est votre ville américaine préférée? Pourquoi?
Sans hésiter, San Francisco. La seule ville au monde où vous avez sincèrement le droit à vos préférences politiques, sexuelles ou religieuses. C’est aussi la ville la plus Européenne et j’y ai toujours été traitée mieux que nulle part ailleurs. Lorsque les USA se sont tournés contre la France à cause de la guerre en Iraq, à San Francisco, j’ai continué d’y être traitée merveilleusement bien. Et puis, c’est un petit Paris ou New York, sans les inconvénients des grandes viles.
Quel est votre plat américain préféré?
La cuisine Française reste ma préférée. Mais je dois admettre qu’ils excellent en BBQ.
Quel est votre loisir préferé? Passer du temps avec ma famille. Créer des escapades romantiques avec nos enfants. Nager sous les étoiles. Jouer au tennis.
Quelle est votre devise?
“What doesn’t kill you, makes you stronger.” Lorsque j’ai tout perdu (l’enfant et la personne avec qui je vivais) et que j’ai vu que j’étais toujours là, en vie, avec mes rêves, mes capacités, que personne ne peut vous prendre, je me suis détachée de toutes mes peurs. Je sais que tout ira bien.
Quel est votre plus grand regret?
D’être si loin de ma famille Française. D’avoir manqué tant de baptêmes, mariages et goodbyes. J’aurais voulu être plus présente dans leur vie.
Quelle est votre plus grande fierté?
D’avoir conservé ma foi, mes rêves et mon innocence malgré tous les obstacles que j’ai rencontrés.
Si vous deviez rentrer en France, qu’est-ce qui vous manquerait des Etats-Unis?
Je m’apprête à vivre entre l’Europe et les Etats-Unis à 50/50, pour ne plus manquer ni de l’un, ni de l’autre, car je serai toujours une femme française par le coeur et américaine par l’esprit. J’aime l’état d’esprit ici : on peut parvenir à mieux. En France, malheureusement trop de gens sont négatifs et pessimistes.