Alain Monoury organise pour des touristes français et européens des voyages en 4X4 accessibles à tous dans l’Ouest américain et nous parle de son expérience de Phoenix et sa vision de la France vouée à l’immobilisme…
Quelle formation avez-vous ?
Je suis au départ “analyste nucléaire”. J’ai travaillé dans la marine et j’ai une formation scientifique.
Quel a été votre premier contact avec les Etats-Unis ?
Je suis venu pour la 1ère fois à Phoenix en 1983…J’ai alors acheté un 4 X 4 que je laissais dans un garage. Je venais tous les ans passer 2 mois pour découvrir différents états de l’Ouest américain. J’ai fait cela pendant 12 ans, c’était ma passion. Il y a 10 ans, j’ai organisé un voyage pour des amis qui en ont parlé à d’autres amis et depuis j’ai fait mon métier d’organiser des voyages en 4 X 4 !
Comment avez-vous lancé votre business ?
Je suis venu avec un visa d’investisseur E2 et j’ai créé mon entreprise. Il y a 10 ans, on avait besoin de moins de $1 million. A l’origine, j’avais un associé américain qui parlait l’anglais et devait organiser les hôtels, les 4 X 4. Quand je suis arrivé, il n’y avait plus d’argent sur le compte bancaire et bien sûr pas de 4 X 4 ! J’ai dû tout reconstruire.
Comment se passent vos voyages en 4 X 4?
C’est un voyage organisé sans l’être où vous allez à votre rythme. Les participants conduisent un 4×4 et ont un road book pour le voyage avec comme rendez-vous l’hôtel du soir. Pas de caravane, ils peuvent choisir ce qu’ils veulent faire sur le programme de la journée, sur un parcours étudié pour vous faire découvrir les parcs nationaux de l’Ouest et des lieux uniques. Nous leur indiquons les différentes possibilités qui peuvent aller de la découverte de la nature en 4 X 4, de la randonnée au farniente au bord de la piscine… Plusieurs dates de départs sont possibles et nous gérons l’intendance sur les pistes pour assurer la sécurité. Nous retrouvons les participants le soir aux hôtels pour les conseils et les bonnes adresses. Briefing le matin en fonction du réveil ! Plus les meilleurs points photos possibles de la journée sur le programme de la journée.
Qui sont vos clients ?
Des particuliers, des groupes d’amis, passionnés de nature, de liberté et de grands espaces mais aussi des tour-operators français, des comités d’entreprises comme IBM et aussi des petites et moyennes entreprises. Les prix varient de $1200 à $2000 pour une douzaine de jours. Le meilleur, c’est que les participants deviennent des amis…
Quel est votre rythme de travail ?
Cette année, j’organise 22 voyages de rêve entre avril et octobre. Je travaille alors de 6h du mat’ à minuit avec le sourire et je partage le bonheur de mes participants qui vivent de vraies vacances. Entre octobre et avril, je prépare les prochains voyages, je fais mon marketing et prend quelques vacances…
L’Arizona n’est-il pas un désert ?
C’est un Etat en escalier, de la Vallée du soleil en plein désert de Sonora à la montagne et les hauts plateaux ; avec 90% de l’Etat qui n’a pas de routes goudronnées… On peut y voir les fôrets de cactus saguaros la première journée du parcours mais ça change en une heure. Des lacs, des fôrets de pins, de bouleaux… Il y 66 lacs dont 3 énormes comme le lac Powell avec 2100km de côte. C’est d’ailleurs le 2ème Etat aux Etats-Unis qui vend le plus de bateaux sans avoir de mer ! Vous pouvez aller faire du ski à 2H00 de Phœnix en allant à Flagstaff ou en 2h30 vous retrouver au bord de la mer à Rocky Point au Mexique ou à Las Vegas en 5h. Quand je suis venu en 1983, la ville comptait 400.000 habitants, aujourd’hui plus de 4 millions…avec 0,2% de chômage. Rien que pour Phoenix, il y a 235 golfs, c’est à dire plus qu’en France !
Qu’appréciez-vous aux Etats-Unis ?
Leur passé, leur coté positif, l’histoire qui est récente… A Phoenix, on se sent en sécurité, les gens sont gentils et le service est hors du commun. Pas de stress au quotidien, pas de klaxons, pas d’agressions. Je peux laisser mon fils tranquille, je ne ferme pas les volets, j’en ai pas ! Je n’ai pas de clôture, j’ai 4 voitures garées dans la rue sans problème. Et avec 330 jours de soleil par an, les couchers de soleil sont uniques. En été, il fait entre 35°C et 43°C néanmoins la chaleur est supportable car sèche et tout est climatisé. Ce n’est pas une chaleur moite. Et si vous allez en altitude, vous tombez rapidement à 25°C…
Qu’est-ce que vous aimez moins ?
Certaines lois pour les adolescents ! L’alliance française ! J’ai émigré ici, j’ai des amis ici tous étrangers puisque immigrant de part leurs ancêtres, des indiens, j’aime leur culture. A l’Alliance française, vous avez une population composée à 90% de personnes travaillant pour de grosses sociétés, ils n’immigrent pas, ils sont mutés pour 2 ans et on se croirait de retour en France avec la critique du voisin ! C’est sûr le pain n’est pas pareil, les voitures, il y a beaucoup de riches, il n’y a pas de restos français partout avec steaks frites. Immigrer c’est comme partir en mer, il faut embarquer. Si on met un pied sur le bateau et un autre sur le quai, à un moment on tombe à l’eau… Immigrer c’est vraiment immigrer.
Quels sont, selon vous, les plus grands traits de caractère des Américains ?
Les gens sont gentils, à votre service. Ils sont unis et prêts à vous aider. Ils n’attendent pas de leur gouvernement mais travaillent durs et s’amusent comme des grands enfants. A mon arrivée, mes voisins m’ont donné des assiettes, on m’a aidé à déménager, invité à boire à verre. Je me disais : “Pourquoi viennent-ils m’aider ?”. Ils ne viennent pas vous assister, ils s’en vont après, ils s’entraident. Je connais tous mes voisins. Je n’ai pas toujours vécu cela en France. On dit que les Américains sont superficiels. Moi je les trouve joyeux, je trouve cela sympa.
Comment percevez-vous les gens côté business ?
Les gens sont très actifs. Ils n’attendent pas que cela tombe du ciel. Je suis en train de développer mon affaire avec un Monsieur qui m’aide et qui a fait le débarquement en Normandie. Il a 89 ans et a pris sa retraite à 70 ans ! On va de surprise en surprise, j’ai reçu ma caution déposée pour mon 1er appart avec 8% d’intérêt au bout d’un an !
Quelles sont les plus grandes difficultés que vous avez rencontrées aux Etats-Unis ?
La langue, en particulier quand mon associé m’a planté…
Quelle est votre ville américaine préférée ?
J’en ai plusieurs. New York, San Diego – la « Barcelone des US » – et Seattle pour le décor et la nourriture.
Pensez-vous revenir vivre en France ?
Vivre en France ? Jamais ! Je reviens tous les ans en France pour voir la famille, les amis, manger du bon saucisson mais je laisse ma place pour y vivre. C’est le plus beau pays du monde avec ses paysages, c’est bien pour faire la fête mais pour y travailler et vivre, non. Ca fait 30 ans que ça dure, que ça change mais sans rien changer. On est aujourd’hui parmi les derniers en Europe avec un système éducatif inefficace et inchangé depuis Napoléon, un système économique inadapté. On ne peut pas travailler dans un pays où on attend tout du roi. Aux Etats-Unis, les gens se disent : “que puis-je faire pour mon pays ? “. En France, nous attendons que le pays fasse quelque chose pour nous. On n’est jamais content. On n’a même pas été capable de faire les nouveaux passeports à lecture optique comme demandé par les Etats-Unis depuis quelques années ! Malheureusement, je suis déçu par mon pays…
Quels conseils donneriez-vous aux Français qui s’installent ?
• Avoir un avocat pour s’occuper du visa. L’immigration est très pointilleuse.
• Aller 1 ou 2 mois en vacances dans l’endroit où l’on souhaite émigrer.
• Se dire que pour immigrer, il faut s’intégrer. Par exemple, à Phoenix, l’été il fait 40-43°C la journée et 40°C la nuit…