Découvrez l’expérience de Vivian Jacobs aux Etats-Unis. Elle livre ses impressions sur son pays de résidence, mais également sur d’où elle vient : la France.
1. Pourquoi avez-vous souhaité vivre aux Etats-Unis ?
Je suis née aux Etats Unis mais je suis partie à 2ans vivre en Europe (Paris à 6ans). Je suis venue en vacances à 11 et à 20 ans et j’étais très intriguée par la vie à Manhattan.
Ayant un passeport Américain mon jeune mari a obtenu sa carte verte en 4 jours…. Nous avons décidé de partir pour deux années, le temps qu’il obtienne un Master en droit international….et me voilà encore à NYC!!
2. Quel a été votre parcours professionnel depuis votre arrivée aux Etats-Unis ? Qu’est-ce qui vous a conduit dans cette voie plutôt qu’une autre ?
J’ai toujours su que je voulais travailler en aidant les autres, la psychologie m’attirait depuis l’âge de 15 ans où je lisais Freud. Aux US, la vie m’a dirigé ici et là, enseignante de français, puis un master pour enfants ayant des troubles d’apprentissage, puis la naissance de mes trois fils, le décès de ma mère et ma promesse de donner à son business dans le monde de l’art quelques années de mon temps. A la fin de tout cela, et trois masters plus tard et des années de post-doc j’ai pu ouvrir mon cabinet de psychothérapeute familiale. Depuis j’en ai ouvert un deuxième et je me partage en alternant le travail en anglais et en français. Je suis heureuse.
3. Pouvez-vous nous décrire une journée typique? Quels sont vos challenges quotidiens?
Dans ce métier, aucune journée ne se ressemble car chaque histoire, chaque souffrance, chaque résolution mérite une nouvelle écoute, un soutien attentif.
Il est difficile pour moi de trouver le temps de manger un repas pendant la journée et d’ailleurs certains clients m’apportent un café pour m’aider à tenir la route car mes journées sont fort longues et les séances se succèdent les unes après les autres.
Aussi parfois le bruit des sirènes, des klaxons, de l’air conditionné car je suis au rez-de-chaussée et ma rue est étroite mais bon j’ai tant de chance d’avoir trouvé cet emplacement, je n’ose pas trop me plaindre, malgré mon heure de conduite.
Au Westchester, je suis à 15 minutes de chez moi, donc je ne suis jamais inquiète d’être en retard, seul challenge trouver le temps de promener ma petite chienne Zelda qui est ma co-therapist.
4. Qu’est-ce qui vous a surpris le plus à votre arrivée aux USA ?
L’approche directe, le questionnement sur votre situation financière, votre adresse et votre métier. Ils ne souhaitent pas s’engager amicalement si vous ne leur correspondez pas. On s’y habitue, et même on s’attache les uns aux autres.
J’adore la couleur pure du ciel, un bleu a la Magritte qui vous accueille même en plein hiver et souvent vous donne le courage de sortir et faire face aux intempéries toujours extrémistes.
5. Qu’appréciez-vous le plus aux Etats-Unis ?
L’ouverture vers le renouvellement personnel, s’embarquer vers de nouvelles études à n’importe quel âge, un autre métier, une autre destination, un autre état même à 4 heures de distance.
Le désir de se retrouver en famille malgré les kilomètres pour la fête du Thanksgiving qui est la plus importante, même au-delà de Noel.
Mes parents m’ont parlé en deux langues depuis ma naissance; mon père en anglais et ma mère en français quelque soit le pays où nous nous trouvions. Du coup je suis tout à fait bilingue et biculturelle ce qui m’a permis de me faire rapidement des amis et un monde social dans les deux cultures.
6. Quelles sont les plus grandes difficultés que vous avez rencontrées dans ce pays?
La seule tristesse; voir nos amis expats repartir et penser aux conséquences de notre décision de continuer notre aventure.
Oui parfois, nous avions des difficultés à comprendre la pudeur des Américains, leur gène à gérer le rapport homme-femme, et leur malaise à participer à des débats animes autour de la table, tard dans la nuit et pourtant nous quitter amis. Ici les hôtes évitent les sujets chauds et sont des couches tôt. Est-ce vraiment grave, non simplement cela provoque quelques malentendus..
7. Si vous aviez l’occasion de revivre votre arrivée aux USA, auriez-vous fait les choses différemment ?
Non nous avons eu beaucoup de chance, au point de rester et encore rester…
8. Quels sont, selon vous, les plus grands traits de caractère des Américains?
Amabilité, souplesse, sérieux, énergie, courageux, sans prétention et très compétitif.
Timide, pudique, souvent pas assez ouvert vers le monde extérieur, trop laisser-aller en public.
9. Quelle est votre anecdote préférée sur votre expérience aux Etats-Unis?
Nous avons déménagé au Connecticut après quatre années a NY. Nous décidons d’organiser une soirée d’arrivée avec un mélange d’invites Européens et des invites Américains. Les réponses arrivent et tous les Américains refusent notre invitation à venir passer la soirée un dimanche en Février. Nous étions choques voir vexes mais bon nous serions très bien entre nous! Vers 9 pm un ami me demande d’allumer la télévision, je dis okay mais pourquoi? “Et bien c’est le Super Bowl”. Confuse, il m’explique que c’est la soirée la plus importante dans le monde des sports, la finale d’une très longue saison de football “Américain”. Le monde s’arrête, toutes les familles, les copains, de tous mondes, s’installent devant la télévision soit dans un bar, soit à la maison.
Le choc : nous n’avions aucune idée et pourtant nous ne venions pas d’arriver mais finalement malgré ma fameuse biculture, j’ignorais l’importance primordiale du Super Bowl Football Sunday. Avec l’insistance de mes trois fils, j’ai compris l’impact de cet évènement. Je vous avoue qu’il m’arrive même parfois de me joindre à eux dans un esprit compétitif qui après tout représente une des plus grandes qualités de ce pays!
10. Quelle est votre devise ?
Ecouter, écouter, écouter.
11. Quelle est votre plus grande fierté ?
Mes trois fils adorés et ma détermination à poursuivre mon rêve d’être une psychologue et d’avoir le bonheur de me lever tous les matins avec joie et fierté.
12. Si vous deviez rentrer en France, qu’est-ce qui vous manquerait des USA ?
Impossible à dire car je sais que je ne rentrerai jamais, sauf en vacances car ma vie, ma famille et ma carrière sont ici. Cependant, mon cœur appartient à deux nations, à deux styles de vies et à deux cultures, j’ai besoin des deux, pour toujours.