Christine Lewicki est arrivée avec son mari aux Etats-Unis et conseille aujourd’hui les « mères entrepreneuses ». Elle nous donne également des informations intéressantes pour toutes les mères de famille : écoles, crèches, emploi du temps…etc.
Comment êtes-vous arrivée aux Etats-Unis ?
On avait un pacte avec mon mari : on partait dès que le 1er trouvait un job à l’étranger, l’autre le suivait. Mon mari était dans l’informatique dans un domaine très pointu, on est venu le chercher. J’ai annoncé en même temps à mes parents que je partais à 10.000 kms et que j’étais enceinte ! On est arrivé en juin 2000, 3 semaines avant le krach internet.
Comment se sont passés vos 1ers mois ?
Je suis arrivée sans visa de travail donc je ne pouvais pas travailler. Comme j’étais enceinte, je me suis occupée de trouver un médecin. L’association « Letche League », m’a beaucoup aidé. Avec le dotcom crash, mon mari, travaillant dans l’informatique, a perdu son travail 6 mois plus tard. Nous avons réfléchi et c’était trop tôt pour rentrer. Mon mari avait perdu également son visa H1B avec la perte de son travail et il s’est converti dans la création d’entreprise. Avec le visa d’investisseur, j’ai pu avoir un visa de travail également.
Vous avez aussi créé votre entreprise sur place ?
J’ai monté un petit business de ventes d’occasion de vêtements de marques françaises chez les particuliers. Finalement je me suis dit que ce n’était pas ce que je souhaitais faire car je voulais plus être en contact avec les gens et les aider à être heureux dans leur travail. Je me suis alors reconvertie dans le coaching.
Quelle est votre clientèle à « coacher » et que leur proposez-vous ?
Une grande partie sont des « mères entrepreneuses » américaines ou françaises. Le coaching, c’est l’art de poser des questions pertinentes et aider les gens à puiser dans leurs ressources. Je les aide à définir un plan d’actions, à trouver plus de ressources dans leur network…etc. Je leur propose des sessions de minimum 3 mois avec des entretiens par téléphone et un soutien par email.
Quelles sont les difficultés que rencontrent les femmes d’expatriés ou mères entrepreneuses ?
D’abord, en arrivant, il faut comprendre comment la ville marche, savoir situer où se trouvent les services, son médecin….Etc. Les écoles finissent à 2 heures, ce qui fait que les journées sont courtes pour les entrepreneuses. Si vous avez de jeunes enfants, vous pouvez faire garder votre enfant mais cela est très cher.
Quels sont les modes de garde pour les enfants en bas âge aux Etats-Unis ?
Les maternelles sont toutes privées et il faut compter pour quelques heures par semaine $600 à $1200 par mois. Vous pouvez utiliser une nanny pour $10 par heure (minimum mais plus souvent $15). Les « daycare » (équivalent des assistantes maternelles) qui gardent votre enfant à leur domicile avec d’autres enfants sont un peu moins chères.
Pouvez-vous nous expliquer la spécificité de l’école de vos enfants, une école publique américaine « charter school » ?
Ce sont des écoles publiques qui ont signé une charte avec l’éducation de l’Etat mais qui utilisent d’autres méthodes que les méthodes traditionnelles des écoles « classiques ». Elles s’engagent à respecter certains points et en échange reçoivent des financements publics. L’école de mes filles a choisi la méthode Steiner/Waldorf. Comme c’est une école publique, elle doit néanmoins accepter tout le monde. Et comme il n’y a pas assez de places, l’école sélectionne les enfants par une loterie. C’est comme cela que mon 1er enfant est rentré ! Ils suivent un « whole child curriculum » avec pour l’école de mes enfants l’accent mis sur les arts et les langues.
Qu’appréciez-vous aux Etats-Unis ?
La possibilité d’entreprendre. Il y aura peu de gens pour vous arrêter ici, ils vont vous soutenir psychologiquement. Cela n’empêche pas que ce soit un gros challenge.
Les gens sont très spirituels : ils croient en la vie, ont confiance et s’investissent dans des groupes spirituels. Il y en a énormément. En France, c’est beaucoup plus dans les normes.
Quels conseils donneriez-vous aux Français qui s’installent aux Etats-Unis?
Etre ouvert d’esprit, s’autoriser à être curieux, tolérant, saisir l’opportunité de vivre aussi loin pour grandir, être pleinement qui on est. On est libéré du regard des autres qui nous ont connu, on peut vivre ses rêves et prendre des risques.
Imaginez-vous vivre à nouveau en France ?
Dans l’idéal, nous voulons vivre dans les 2 pays et c’est pour cela que j’ai développé mon business de façon à être indépendante du pays dans lequel j’habite. On ne veut tout recommencer de l’autre côté. Grâce aux technologies d’internet, je peux leur parler de France ou des Etats-Unis, c’est transparent pour mes clients. La France me manque mais les Etats-Unis me manquent aussi !