Biba Pedron a créé sa société aux Etats-Unis qui aide aujourd’hui les Francophones à s’installer aux Etats-Unis et organise des formations et coachings pour les Américains. Un parcours risqué mais réussi.
Quel a été votre parcours là-bas ?
Je suis arrivée il y a 5 ans, c’était un rêve de petite fille. J’ai monté en 1998 une société de télémarketing en France et pendant 2 ans, j’ai fait la navette entre la France et les Etats-Unis. J’ai choisi ce secteur pour pouvoir travailler de n’importe où dans le monde avec un ordinateur, le téléphone et internet. J’ai ainsi géré ma société à distance. A force de faire des navettes entre les 2 pays, il a fallu que je justifie ces aller et retour.
Comment s’est passée votre arrivée auprès de “l’immigration officer” ?
Il m’a dit qu’il trouvait que je faisais trop de navettes (Je venais pour 3 mois et repartais en France à chaque fois). D’habitude on me disait “bonnes vacances” mais cette fois-ci, il m’a mis mon passeport dans la pochette rouge. J’ai attendu 45 minutes et on m’a rendu mon passeport en me disant qu’ils ne voulaient pas me voir avant 6-7 mois et que si c’était pour des vacances, ils ne me donneraient plus que 15 jours…Je me suis dit que c’était la dernière fois et qu’il fallait que j’ai un visa la prochaine fois.
Vous avez ensuite monté votre société aux Etats-Unis ?
J’ai monté ma société en mai 2003 ce qui m’a permis d’avoir un visa d’investisseur. Il était en effet très difficile de trouver un employeur pour se faire “sponsorisé” pour obtenir un visa de travail.
Ne faut-il pas un montant d’investissement important pour ce type de visa ?
Il n’y a pas de chiffre minimum et tout dépend du business que l’on fait. J’ai rencontré plusieurs avocats et réalisé un business plan en obtenant quelques mois après un visa investisseur E2.
Combien de temps dure ce visa ?
On vous le donne pour 2, 3 ou 5 ans. Pour son renouvellement, ce n’est pas simple car si le business n’a pas grandi et que vous avez par exemple seulement 1 ou 2 employés, on n’est pas sûr de voir son visa renouvelé…
Dans quel domaine travaillez-vous avec votre société ?
J’ai découvert le monde du networking pour les petites entreprises. Cela m’a plu. A New York, il y a tous les soirs entre 20 et 40 soirées networking où vous échangez des cartes de visite, trouver des clients…Au début je participais à 2 ou 3 soirées dans la semaine. J’ai développé cela pour les Français mais cela n’a pas trop accroché. J’ai développé cette activité pour les Américains. Et je me suis également orientée sur l’aide à apporter aux Français qui veulent s’installer aux Etats-Unis et monter une société. Je les aide de A à Z pour créer leur société et la développer.
Comment se développe votre business ?
Il y a de plus en plus de Français qui veulent venir aux Etats-Unis, donc mon business se développe. Ils souhaitent s’investir dans différents types d’activités : tour operator, designer, consultant, commerces comme la boulangerie ou les restaurants…Pour ces activités commerciales, l’investissement est plus lourd car il faut démarrer l’activité, pour l’immigration on n’a pas besoin d’être sur place les premiers mois, il suffit d’embaucher un manager.
Vous avez pris un nom à consonance hispanique ?
Non, Pedron est breton et Biba est un surnom pour Fabienne, prénom que je n’aime pas et qui est imprononçable ici. On ne peut changer de nom ici que s’il l’on est américain. Le jour où je le serai, je changerai.
Qu’appréciez-vous aux Etats-Unis ?
Ici les portes s’ouvrent plus et la mentalité est plus ouverte sur le business. Quand j’ai quitté un vendredi soir mon emploi en France pour créer le lundi matin ma société en France, on m’a dit que j’étais folle ! Aux Etats-Unis, je ne parlais pas anglais, j’ai choisi un nouveau secteur d’activité et on m’a encouragé ! Sinon la vie quotidienne est plus compliquée aux Etats-Unis : pour avoir une carte de crédit, un compte bancaire, une assurance santé qui sont très chères….etc. mais au global je préfère être ici !
Quels conseils donneriez-vous aux Français qui souhaitent monter leur société aux Etats-Unis ?
Cela ne va pas se faire rapidement. Il faut être très motivé et prêt à tout pour réussir. Cela va coûter cher. Il faut pouvoir tenir au moins la 1ère année en business et personnel (loyer, assurance santé, voiture, assurances diverses, scolarité pour les familles…Etc.). Il faut faire la navette 2 à 3 fois minimum. Il faut être préparé mentalement, s’adapter à la culture américaine en jouant le jeu. Et enfin, l’immigration est toujours plus compliquée.