Diane Delagrange nous parle de la réserve de chasse qu’elle exploite avec son mari au beau milieu du Texas et de son expérience notamment avec l’immigration américaine.
Pouvez-vous nous parler de Del Rio où vous habitez en plein milieu de la campagne texane?
Del Rio est une ville de 44.000 habitants un peu isolée mais avec quand même des supermarchés…,une ligne d’aviation de Houston à Del Rio. L’Internet par satellite fait une grosse différence aujourd’hui.
Le fait d’être si proche de la frontière mexicaine a des inconvénients ?
A Del Rio, il y a 6% de chômage donc pas de chômage. Il est très difficile de trouver de la main d’œuvre. Depuis que les frontières sont bloquées, les gens illégaux ne restent pas à la frontière car il y a trop de contrôles. Par contre, ceux qui ont travaillé suffisamment dans les champs et souhaitent rentrer au Mexique, viennent ici pour se faire prendre et rapatrier gratuitement!
Vous vivez dans une réserve de chasse, qu’organisez-vous ?
Au départ, ce n’était pas très développé avec une clientèle composée à 80% d’Américains et 20% d’autres nationalités. On “vend” des chasses, de la pêche, on organise des safaris photos – par exemple pour fêter un anniversaire – avec tout le confort souhaité pour ces expéditions: des lodges, cuisines, véhicules…etc. Nous sommes dans un ancien territoire indien et on retrouve d’anciennes pointes de flèches, des peintures rupestres…etc.
Combien y’a t-il d’animaux dans votre domaine?
Il y a environ 3500 animaux. Nous participons également à la conservation d’espèces qui se reproduisent ici naturellement. On arrive à sauver l’Oryx et le Dax en voie d’extinction en Afrique. Il y a environ une vingtaine d’espèces (cerfs, chèvres, mouton, cerf de Virginie, bison…etc.).
Pourquoi avez-vous souhaité vivre aux Etats-Unis ?
Je suis partie pendant la guerre du golf avec mon père pour l’accompagner dans une chasse au gibier aux Etats-Unis dans cette réserve qu’il connaissait. J’avais 26 ans. J’ai rencontré le responsable du centre organisant les chasses (un parisien!) et j’ai déménagé 8-10 mois plus tard.
Comment votre mari s’est il retrouvé dans cet endroit au beau milieu du Texas?
C’était en effet le seul Français de Del Rio. La réserve de chasse fait 4000 hectares. Il est venu ici par passion. Des investisseurs suisses possèdent ce ranch avec nous.
Le fait d’être français vous a-t-il aidé?
On est très bien reçus. Les Américains adorent mon accent au téléphone et ils adorent la France en général.
Qu’appréciez-vous aux Etats-Unis ?
Une fois qu’on a décidé, on se rallie à la majorité. Ici tout est faisable, on n’est pas bloqué. Les gens bossent.
Quelles sont les plus grandes difficultés que vous avez rencontrées aux Etats-Unis ?
Il ne faut pas jouer avec l’immigration. J’ai eu mon premier visa en 1992 quand je suis arrivée. On a fait une candidature pour offrir mon poste de directeur marketing à un Américain pour renouveler mon visa pendant 5 ans et je n’ai pas encore ma carte verte.
Comment voyez-vous les différences économiques entre la France et les Etats-Unis?
La différence des mentalités nous choque. Je pense qu’il faut changer profondément l’économie en France. Aux Etats-Unis, les entreprises sont libres, ce qui est différent du carcan français. Il existe ici beaucoup de petits métiers. Les gens ont souvent 2 ou 3 boulots. Ceux qui travaillent à plein temps chez nous, ont souvent autre chose à côté le week-end par exemple. On en a un qui est DJ dans une boîte de nuit. L’autre qui travaille pour passer des diplômes. Un autre qui travaille sur des bases de données de chez lui. Il faut en effet gagner de l’argent pour payer les études des enfants. Pour avoir une assurance santé, il faut soit être pauvre ou riche. En France, travailler 35 h et avoir 5 semaines de congés payés, c’est normal. C’est une mentalité. On travaille pour organiser des vacances. Aux Etats-Unis, leur vie c’est le travail.
Quels conseils donneriez-vous aux Français qui s’installent ?
C’est le parcours du combattant pour l’arrivée aux Etats-Unis. On n’est jamais accueilli à la frontière de manière sympathique. On n’est pas traité comme des êtres humains. Nous sommes très près de la frontière mexicaine ici et nous sommes contrôlés tout le temps pour montrer ses papiers et répondre aux questions. Je pense que la seule chose que les officiers ne connaissent pas sur moi est la taille de mon soutien-gorge!