portrait Yannick Foing

Yannick Foing, jeune professionnel, arrivé il y a deux ans aux Etats-Unis nous livre ses impressions sur les Etats-Unis et plein de bons conseils pratiques pour la vie quotidienne aux Etats-Unis.

Pourquoi avez-vous souhaité vivre aux Etats-Unis ?

J’ai commencé mes études en biologie à Lyon et j’ai fait un stage à Montréal. J’ai ensuite voulu repartir dans le même coin, d’où Boston. J’avais envie de parfaire mon anglais. J’ai fait ensuite un VIE, volontariat international, à partir de janvier 2002. J’ai passé deux ans à Boston dans la mission scientifique de l’ambassade de France aux US, dans l’antenne du consulat français de Boston.

Pouvez-vous nous en dire plus sur le VIE et comment vous l’avez trouvé ?

Cela ressemble à l’ancien service militaire « la coopération ». Cela a un gros avantage : c’est ouvert aux filles et aux garçons. Il y a très peu d’offres. J’ai trouvé ce poste par le site Internet du CIVI

Quelle a été votre mission dans ce poste ?

J’ai participé à l’organisation du Forum USA*. Il s’agissait de faire la prospection des entreprises pour les faire venir au forum et d’assurer la promotion auprès des biologistes. En 2002, la ministre de la recherche et des nouvelles technologies française Claudie Haigneré est venue au forum.

* Plus d’infos sur le Forum USA

Pouvez-vous nous expliquer ce qu’est le Forum USA ?

C’est une manifestation annuelle organisée en avril depuis 12 ans par les consulats français qui rassemble entre 1000 et 1200 candidats francophones ou non qui cherchent un emploi et 40 à 50 entreprises et organismes. Cela a lieu à Boston pour la côte Est des USA, le Nord et le Québec, Chicago pour le Midwest et San Francisco pour la Californie et le Mexique.

Quel est l’intérêt pour les entreprises ?

Les entreprises viennent recruter des Français ou francophones après des « post-docs » des universités américaines. Elles viennent chercher des cerveaux.

Comment évaluez-vous l’efficacité de ces forums ?

Sur Boston, il y a eu 10 à 20 recrutements. Les entreprises reviennent, elles sont très satisfaites. Depuis 2 ans, le forum a été ouvert aux commerciaux aux doubles compétences et à la communication.

Vous êtes aujourd’hui chargé de mission business development pour Genfit, comment avez-vous trouvé ce poste ?

C’est un peu par hasard. On côtoie les entreprises de très près quand on participe à l’organisation du forum USA. J’ai rencontré le président de Genfit qui cherchait une personne. Le contact est bien passé et ils m’ont embauché.

Que fait Genfit ?

Nous faisons de la recherche sur les maladies cardio-vasculaires et du métabolisme (ex : diabète) pour les laboratoires pharmaceutiques. C’est une entreprise purement française créée il y a 5 ans. Je suis chargé de chercher de nouveaux clients et partenaires pour l’entreprise.

Qu’est-ce qui vous a étonné dans vos débuts professionnels aux Etats-Unis ?

On sent beaucoup moins la notion de hiérarchie. C’est très superficiel. C’est facile de rencontrer des gens haut placés. Il faut toujours être « intéressant » quand on rencontre des gens. C’est très orienté business.

Comment avez-vous fait pour vous procurer un visa ?

Genfit a ouvert une filiale américaine qui m’a sponsorisé pour avoir un H1-B.

Quelle est votre ville préférée ?

J’aime Boston et San Francisco car je trouve que ces villes ont une âme. Je viens de Lyon et Boston lui ressemble. San Francisco est une ville plus détendue.

Qu’appréciez-vous dans votre vie à Boston ?

Il y a des grands espaces, des forêts, des lacs autour. Le Québec est à 5 heures de route si on veut manger ou parler français. Les Américains ont une vie saine composée de sport et de nature. On rencontre plus facilement des gens. La routine s’installe moins rapidement. La ville est très universitaire et européenne. Culturellement, il y a plein de choses à faire à Boston. Pour tout ce qui est politique et économique, il y a Harvard et scientifique, il y a le MIT* où l’on peut assister à de grandes conférences gratuitement. J’ai pu voir Kofi Annan, Lionel Jospin, Giscard d’Estaing, Francis Mer. Il y a une conférence tous les jours. Pour ceux qui sont avides d’apprendre et de se cultiver, c’est idéal.

*Massachussets Institute of Technology

Qu’est-ce qui vous a surpris à votre arrivée ?

Je suis arrivé en plein froid. Au mois de janvier : il faisait entre -30°C et -40°C à Boston et à Montréal : -50°C. Le climat m’a surpris !

Autre chose : tout est très sécurisé, il y a des caméras de surveillance partout, beaucoup de policiers. Lorsqu’ils défilent, ils sont applaudis. On se sent en sécurité.

Comment avez-vous trouvé un appartement ?

J’ai réussi à trouver un appartement de France par une association étudiante du MIT. Tout s’est fait par internet et par email. J’ai eu une voiture également en arrivant.

Quelles difficultés avez-vous rencontré à votre arrivée ?

Le credit history. En fait, si on veut avoir un téléphone portable ou une voiture à acheter auprès d’un revendeur, il faut un credit history. Cela peut prendre 2 à 3 ans pour le construire. Sinon dans le délai, il faut payer cash ou donner des cautions très élevées. En revanche, pour ouvrir un compte bancaire, cela a pris moins de 10 minutes pour obtenir un chéquier, une carte bleue et le compte bien sûr.

Comment ressentez-vous la vie de tous les jours aux Etats-Unis ?

J’apprécie la facilité de contact. Les Américains sont très solidaires. Dans un immeuble, on connaît tous ses voisins. Cela reste très superficiel et du jour au lendemain, celui qui vous disait bonjour peut ne plus vous connaître. Cela peut choquer. C’est très dur de se faire des bons copains américains.

Avez-vous réussi à tisser des liens d’amitié avec des Américains ?

En 2 ans, je connais quelques Américains mais je m’entends mieux avec des Français ou des Sud-Américains.

Avez-vous plus que les 10 jours de vacances par an traditionnels aux Etats-Unis ?

J’ai 20 jours de vacances et 10 jours fériés. Dans de nombreuses entreprises privées ici, c’est en effet 10 jours de vacances mais dans les laboratoires, c’est plus entre 20 et 30 jours. En revanche, tout le monde vient travailler à 9h00 et à 17h00, tout est fermé, il n’y a plus personne. Les Américains ont moins de vacances mais pendant l’année, ils profitent de la vie le soir pour faire du sport, voir leurs enfants ou leurs amis.

Comment imaginez-vous la suite de votre vie aux Etats-Unis ?

Je ne ferai pas ma vie ici car cela coûte cher pour une famille. Le système social n’est pas terrible. Quand on veut mettre un enfant à la crèche, cela coûte $7.000 par an et à la maternelle $10.000 par an. Pour faire ses études à la fac, c’est $26.000. Il faut être célibataire ou avoir un très bon salaire. Au minimum $60.000 nets. Si vous avez cela, cela a des avantages : votre enfant est bilingue.

Si vous rencontrez une Américaine ?

J’ai déjà un produit importé !

Votre amie vous a suivi, comment a-t-elle fait pour disposer d’un visa de longue durée ?

Elle avait au départ un visa de touriste pour 3 mois. Ce qui lui laissait 3 mois pour trouver un employeur et obtenir un autre visa. Elle voulait être technicienne et elle a trouvé un poste en biologie moléculaire dans un hôpital de Boston. Elle a eu un visa H1B en se faisant sponsorisée par un laboratoire américain. Maintenant elle a demarré un doctorat. Les laboratoires académiques américains ont beaucoup d’argent.
Cela a été très vite. Ici, en 10 jours, on sait si on a un entretien ou non et le 11ème jour on commence à travailler ! Cela nous a permis de rester.

Quels conseils donneriez-vous aux Français qui s’installent ?

Je leur conseille de venir faire un séjour d’un mois aux Etats-Unis juste pour voir s’ils s’y plaisent, de préférence au moment le pire de l’année : dans le Nord ou au Canada, c’est en hiver et en Floride en été….Beaucoup de gens, qui ont économisé pour venir, se retrouvent déçus une fois arrivés ici. Si on s’immerge dans la vie de tous les jours, on peut avoir même sur une courte période une bonne impression de la vie ici.
Je conseille aussi à ceux qui s’installent de se débrouiller pour obtenir une carte de crédit dès leur installation si possible.